Cousteaux AS. Le masculin et le féminin au prisme de la santé et de ses inégalités sociales. Paris : Institut d'études politiques de Paris, 2012, 566 p.
Cette thèse s'attache à décrire et à expliquer les différences entre hommes et femmes en matière de santé, y compris dans leurs variations sociales. Elle envisage la santé comme un prisme de lecture de la construction sociale du masculin et du féminin et des rapports de domination entre hommes et femmes. Elle se concentre sur deux questions. Pourquoi les femmes se déclarent-elles en plus mauvaise santé alors qu'elles vivent en moyenne plus longtemps que les hommes ? Pourquoi les inégalités sociales de santé et de mortalité semblent-elles moins prononcées chez les femmes ? Cette recherche s'appuie sur l'analyse secondaire de données quantitatives, principalement celles de l'INSEE. Par l'étude des expressions genrées du mal-être, elle met en évidence l'origine sociale commune de la mortalité prématurée des hommes (liée à l'alcool, au tabac, au suicide, à la violence) et de la sur-morbidité des femmes (essentiellement manifestée par des troubles psychologiques et somatiques). Par ailleurs, elle montre que la principale explication de la moindre ampleur des inégalités de santé chez les femmes en France tient aux mécanismes genrés de sélection par la santé (changement de travail pour les hommes, inactivité et temps partiel pour les femmes). Sur le plan théorique, cette thèse conduit à réexaminer la notion de domination masculine, en mettant en évidence le " coût " en termes de santé qu'acquittent les femmes qui souhaitent s'en abstraire et la préservation de la santé que permettent, à l'inverse, les opportunités de retrait du marché du travail pour les femmes, et en montrant les composantes paradoxales de l'égalisation des conditions masculine et féminine en matière de santé.
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