PLANCKE Laurent, BAELDE Nicolas, AMARIEI Alina (et al.)
La prise en charge des conduites suicidaires en Ehpad. Evaluation d'un programme de formation dans le Nord et le Pas-de-Calais
Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale Hauts-de-France (F2RSM Psy), 2019-05, 74 p.
Financé par l’Agence régionale de santé Hauts-de-France, un programme de formation à la gestion de la crise suicidaire en Ehpad a été déployé dans le Nord et le Pas-de-Calais de septembre 2016 à juin 2018. Il a connu une portée importante, puisqu’il a touché 110 établissements, 427 professionnels y travaillant, et -potentiellement-9849 personnes y résidant, soit plus d’un quart des Ehpad du Nord et du Pas-de-Calais 30% des personnes y étant hébergées. La satisfaction rencontrée a été élevée, tant de la part des équipes de formation formées par J.-L. Terra selon une méthodologie de gatekeepers que de la part des personnels des Ehpad. Bien que peu de changements organisationnels aient été rapportés lors des entretiens sur site plusieurs mois après la formation, l’aisance à aborder les conduites suicidaires, avec les personnes hébergées et entre collègues a été largement majorée ; de même, le programme a permis une amélioration significative des connaissances, savoir-faire et des représentations. L’éloignement des moyens létaux, déjà appliqué avant les stages, est assez généralisé ; il pose des problèmes éthiques de limitation de liberté et d’autonomie. La distinction entre pensées suicidaires et passages à l’acte n’est pas toujours faite et les troubles dépressifs parfois assimilés aux risques suicidaires. Les taux de morbidité suicidaire ont significativement baissé après le stage, ce qui suggère son effet protecteur ; il n’est par contre pas possible de conclure à son effet sur la mortalité suicidaire, événement très rare (même si les taux sont plus élevés chez les personnes âgées). Non dépendantes du programme de formation, les relations avec les secteurs de psychiatrie se sont avérées très inégales selon les Ehpad ; ce partenariat est pourtant indispensable, en cas de passage à l’acte suicidaire notamment. Si le programme devait être poursuivi ou répliqué, il gagnerait à toucher un plus grand nombre de salariés par Ehpad et à se déployer dans des territoires non touchés (certains connaissent pourtant une surmortalité suicidaire très marquée).
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