Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) a publié, ce jour, son avis relatif à l’e-cigarette. Le HCSP avait été saisi par la présidente de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA), Danièle Jourdain-Menninger, suite à la parution des premiers résultats de l’enquête ETINCEL-OFDT, qui révélait que 18% des Français ont essayé la cigarette électronique et que son usage quotidien concerne entre 1,1 et 1,9 millions de personnes. Dans son avis, le HCSP met en garde sur le risque d’entrée en addiction nicotinique des adolescents et leur détournement vers le tabagisme.
Conformément à la saisine de la présidente de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, le haut conseil de la santé publique s’est penché sur la question du rapport bénéfices-risques de l’e-cigarette étendus en population générale.
Le HCSP considère, sur la base de la littérature scientifique grandissante sur ce sujet, que le rapport bénéfices-risques de l’e-cigarette varie d’un profil de personne à l’autre.
Chez le fumeur, l’e-cigarette contenant ou non de la nicotine pourrait être considérée comme un outil de réduction des risques du tabagisme, dès l’instant où le fumeur de tabac a recours à l’e-cigarette pour arrêter de fumer. Il est alors moins exposé aux goudrons, aux carcinogènes et autres produits toxiques du tabac. Mais, il faut savoir que ce fumeur peut, à plus ou moins long terme, se retrouver dans plusieurs situations : soit il ne fumera plus ni tabac ni e-cigarette et cela sera un succès ; soit il ne fumera plus mais deviendra un adepte de l’e-cigarette le plus souvent dépendant à la nicotine, produit terriblement addictogène ; soit il deviendra un vapofumeur, il conservera alors les risques du tabac associés aux risques potentiels de l’e-cigarette.
Les risques individuels de l’e-cigarette portent clairement sur le non-fumeur qui, s’initiant au vapotage, risque très fortement de devenir dépendant et de passer au tabac. Ce risque est particulièrement élevé chez les jeunes.
Collectivement, c’est la « re-normalisation » de l’usage de nicotine et du tabagisme qui est à craindre.
Le HCSP, recommande entre autres :
• une observation périodique des niveaux et modes de consommation ainsi que des études comportementales qui permettent d’éclairer la décision quant à la balance bénéfices–risques. Il est notamment important de pouvoir estimer le nombre de personnes réellement sevrées grâce à l’e-cigarette et celles qui sont devenues vapofumeuses ;
• l’information sur l’interdiction de ventes aux mineurs de l’e-cigarette, et du risque de dépendance et de détournement vers le tabagisme qu’elle entraîne ;
• des campagnes de communication sur les risques de l’e-cigarettes ainsi que sur ses dangers en particulier chez la femme enceinte. Il est notamment important de positionner l’e-cigarette parmi tous les autres moyens de sevrage en termes d’efficacité. Pour des populations présentant des niveaux d’addiction modérée au tabac, le niveau d’efficacité de l’e-cigarette dans le sevrage observé dans les études expérimentales actuellement disponibles est de 5% à 7% ;
• l’analyse régulière des contenus des produits vendus pour connaître précisément leur composition et pouvoir en informer le consommateur ;
• l’interdiction de la publicité selon les mêmes modalités que le tabac pour contrer la potentielle re-normalisation de la consommation de nicotine inhalée ou fumée.
Le HCSP invite les établissements fréquentés par le public (transport en commun, entreprises, universités…) à inscrire dans leur règlement intérieur l’interdiction du vapotage.
Il souligne que le présent avis et les présentes recommandations seront périodiquement révisés en fonction de l’avancée des connaissances scientifiques.
Lire l’avis sur le site du Haut conseil de la santé publique
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